Venezuela: les arrestations de Lopez et Ledezma attisent encore les tensions
- sunudeuk
- 2 août 2017
- 3 min de lecture
Deux importants dirigeants de l'opposition vénézuélienne, Leopoldo Lopez et Antonio Ledezma, ont été emprisonnés dans la courant de la nuit du lundi au mardi 1er août. Ils étaient tous deux en résidence surveillée. Deux emprisonnements qui tendent encore le contexte, alors que l'incertitude domine concernant les rapports à venir entre la Constituante élue dimanche sans la participation de l'opposition, et le Parlement où cette dernière est majoritaire.

Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez
« Une décision arbitraire ». C'est ce qu'ont dénoncé en boucle, mardi 1er août, les membres de l'opposition et les proches de Leopoldo Lopez et Antonio Ledezma après leur emprisonnement.
En conférence de presse, le député Juan Andrès Mejía a tenu à réaffirmer « le courage » des deux hommes : « Le gouvernement a pensé qu'avec cette fraude de la Constituante, il allait nous vaincre ! Il a pensé que nous allions nous rendre, et comme nous ne cédons pas, le gouvernement commence la persécution. »
« Antonio Ledezma et Leopoldo Lopez sont des otages de la dictature, considère Juan Andrès Mejía. Une dictature qui démontre une fois de plus qu'elle veut en faire des instruments pour un chantage à ceux qui n'ont pas l'intention d'accepter de chantage... »
Le mois d'assignation à résidence de Leopoldo Lopez avait été perçu come un signe de détente. Son retour en prison traduit donc le doute qui parcourt en ce moment le pays tout entier.
Leopoldo Lopez arrêté pour « prosélytisme politique »
Lopez, dirigeant du parti Volonté populaire, avait été emprisonné en février 2014 lors des protestations contre Nicolas Maduro. Condamné à près de 14 ans de prison pour « incitations à la violence », il était assigné à résidence depuis le 8 juillet dernier.
Quant au maire de Caracas, Antonio Ledezma, il avait été arrêté en février 2015 pour « conspiration », et était assigné à résidence depuis avril 2015.
Le Tribunal suprême de justice a justifié leur interpellation par des « projets de fuite » des deux hommes. La plus haute autorité judiciaire affirme aussi qu'il n'ont pas « respecté les conditions », accusant notamment Leopoldo Lopez d'avoir fait du « prosélytisme politique » et Antonio Ledezma d'avoir fait des « déclarations à la presse ».
Les deux assemblées siègeront-elles en même temps ?
Dans ce contexte, après l'élection de l'Assemblée constituante dimanche, les incertitudes sont nombreuses, notamment quant à l'hypothèse d'une dissolution à venir du Parlement, où l'opposition est majoritaire. En effet, sur les deux chambres, une semble de trop.
Mais la députée Tamara Adrian n'entend pas abandonner le combat : « Nous n'avons pas d'armes mais nous pouvons défendre le Parlement d'un point de vue institutionnel. Nous ne pensons pas cohabiter avec les membres de la Constituante. »
« S'ils s'approprient illégalement l'espace du Parlement par la force, dit-elle, cela génèrera plus de confrontations. Le gouvernement veut nous pousser à la collision. Nous, nous avons toujours pensé qu'une négociation pour restaurer la démocratie est la seule voie possible. »
Trois jours après, les Vénézuéliens n'ont aucune certitude
Selon le Conseil national électoral, un peu plus de 8 millions de Vénézuéliens ont participé au scrutin référendaire, soit plus de 41 % des Vénézuéliens inscrits sur les listes électorales. En face, l'opposition, qui avait appelé les Vénézuéliens à boycotter le vote, dénonce « une fraude à la Constitution ».
Objet de ses critiques : près de 180 membres, sur 545, ont été élus à partir de secteurs de la société comme les retraités ou les paysans, remettant en cause selon elle le principe du vote universel. Par ailleurs, l'opposition condamne la convocation de la Constituante par le président sans approbation préalable du peuple.
La journée de dimanche a été émaillée de violences : au moins 10 personnes ont été tuées selon la justice. Et même si les rues, celles de la capitale notamment, semblent assez calmes à l'heure actuelle, la tension n'est pas retombée. En somme, trois jours après l'élection, les Vénézuéliens ont la tête pleine de questions.
Vers une nouvelle marche à risque de l'opposition jeudi
Ce n'est que ce mardi en fin de journée que la présidente du Conseil national électoral a annoncé les noms des candidats ayant remporté le vote de la Constituante en fonction des catégories sociales.
En revanche, elle n'a pas précisé concrètement quand siègeront les nouveaux membres de cette Assemblée. De quoi laisser place à des interprétations. L'hypothèse la plus probable, c'est que la première session se tienne ce jeudi, alors qu'on a longtemps pensé que ce serait dès ce mercredi.
L'incertitude règne aussi au sein de l'opposition elle-même. Lundi soir, au cours d'un rassemblement à l'est de Caracas, les opposants avaient appelé les Vénézuéliens à manifester ce mercredi vers le centre de la capitale.
Mardi soir, le vice-président de l'Assemblée nationale a finalement annoncé sur Twitter que la marche aurait finalement lieu jeudi. Une chose est sûre : les députés ont d'ores et déjà prévu de plancher ce mercredi en session sur « la gouvernabilité démocratique » du pays.
Rfi
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